Pollution aux plastiques dans la Durance : 100 fois plus que le seuil maximum toléré
France Nature Environnement Alpes de Haute-Provence a participé à une étude sur la pollution aux plastiques au sein de la Durance. Celle-ci a fait l’objet d’une publication au sein de la revue scientifique de renommée internationale Frontiers. Voici les principales conclusions.
En 2019 et 2020, en Durance, à trois reprises (automne, hiver, printemps), le long de bandes témoins de 100 mètres de long (à Saint André d’Embrun, aux Mées et à Avignon) et tous les 10 jours sur les rives du lac de Serre-Ponçon, les macrodéchets échoués ont été ramassés par des bénévoles du réseau FNE (France Nature Environnement), de la LPO (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur) et Expédition Med dans le cadre du projet Zéro plastique en Méditerranée financé par la Région Sud.
La caractérisation de ces déchets selon le protocole OSPAR a montré que 82 % d’entre eux sont constitués de matière plastique.
Une pollution qui explose le seuil maximum toléré
Il a été trouvé en moyenne 2081 déchets pour 100 mètres de terrain étudié, soit 100 fois plus que le seuil Européen pour les déchets marins, qui fixe le bon état écologique d’un rivage à 20 objets pour 100 mètres au maximum.
Les déchets identifiables les plus abondants sont les biomédias de stations d’épuration et les bouteilles de boissons à usage unique, en plastique ou en verre.
En zone agricole la présence de nombreux morceaux de plastique souple suggère qu’ils pourraient provenir de films de paillage plastique agricoles.
Les solutions de réduction à la source
Face à ce constat alarmant, les solutions suggérées sont de développer :
- Les systèmes de responsabilité élargie des producteurs (REP) type « pollueur-payeur » pour les paillages plastiques agricoles et les biomédias de stations d’épuration
- Le système de consigne pour les contenants de boissons à usage unique.
En attendant des règlementations au niveau national et européen, les collectivités peuvent d’ores et déjà limiter de manière significative et immédiate de nouvelles sources de pollution plastique sur leur territoire en développant des stratégies intégrées notamment : en révisant les marchés publics encadrant la collecte, le tri et la gestion des déchets, déployant une animation territoriale au plus proche des citoyens et en expérimentant des solutions de réductions des déchets à la source.
Une étude basée sur les sciences participatives
Cette étude a permis de confirmer l’utilité de la science participative, en impliquant des citoyens préalablement formés à la collecte de données pertinentes sur les macrodéchets, afin de surveiller l’efficacité des réglementations environnementales pour réduire la pollution plastique.
Globalement la pollution plastique est l’un des problèmes les plus urgents de notre époque, avec des impacts négatifs sur les écosystèmes naturels, la santé humaine et le système climatique. L’identification des principaux déchets jetés dans l’environnement est essentielle pour prioriser les politiques environnementales visant à prévenir les fuites de plastique et à promouvoir une économie circulaire.