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GIEE : les premiers collectifs d'agriculteurs reconnus

Publié le 24 février 2015

Les décrets instituant les premiers groupements d’intérêt écologique et économique (GIEE) ont été signés le 21 février, à l’occasion de l’ouverture du salon de l’agriculture, en présence du Président de la République et du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Ils reconnaissent six collectifs d’agriculteurs, sélectionnés après un appel à projet régional en Rhône Alpes.

Ces agriculteurs étaient déjà engagés collectivement dans une dynamique de changement. Mais la reconnaissance GIEE «leur permettra de bénéficier, pour leur projet, de taux majorés ou d’accès prioritaires à une grande partie des aides Feader [fonds européen agricole pour le développement rural] du programme de développement rural Rhône-Alpes 2014-2020», indique la préfecture de région.

Des projets qui viennent des territoires

C’est la loi d’avenir agricole, adoptée en septembre 2014, qui a institué les GIEE. L’objectif : inciter les agriculteurs à se regrouper en collectif, afin de porter un projet pluriannuel de modification ou de consolidation de leurs pratiques agro-écologiques. «Le faire collectivement, ça permet à chacun d’éviter d’avoir, tout seul, à assumer des normes, des contraintes, mais au contraire de faire de l’enjeu environnemental un élément de dynamique collective», a expliqué Stéphane Le Foll lors de la signature de ces GIEE.

Le fait de s’appuyer sur le collectif est garant, selon lui, d’une évolution durable et irréversible des systèmes d’exploitation. «Il faut en finir avec ce système où les agriculteurs agissent lorsqu’il y a des aides, et arrêtent lorsqu’il n’y en a plus», avait insisté le ministre de l’Agriculture en 2013, lors d’un point sur le projet agro-écologique.


Les critères de sélection des GIEE


Les appels à projets régionaux ont été lancés fin 2014 - début 2015. Dix critères de sélection ont été définis par le ministère, auxquels pourront s’ajouter d’autres critères en fonction des enjeux locaux. Ainsi, les projets doivent améliorer la performance économique des exploitations (autonomie vis-à-vis des intrants, rémunération de la production, mutualisation des outils de production…), mais aussi sociale (emploi, amélioration des conditions de travail…). Ils devront également accroître la performance environnementale des systèmes de production (réduire, voire supprimer les impacts sur le milieu, valoriser la biodiversité, limiter le recours aux antibiotiques…).
La pertinence des actions envisagées pour atteindre ces trois objectifs, ainsi que la plus-value de l’action collective sont évaluées par les directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). Le caractère innovant du projet, son exemplarité et sa reproductibilité, sa durée et sa pérennité font également partie des critères pris en compte dans la sélection des collectifs.

Mais pas question pour lui de «normer» les projets. L’idée des GIEE est de laisser le champ libre aux initiatives, aux innovations, adaptées à chaque territoire, enjeu ou filière. La démarche est volontaire, portée par les agriculteurs. Les projets sont néanmoins sélectionnés par les préfectures de région, après appels à projet, afin de garantir qu’ils répondent bien «aux enjeux économiques, environnementaux et sociaux du territoire (…), et notamment aux enjeux identifiés dans le plan régional d’agriculture durable (PRAD)», explique la note d’instruction du ministère, publiée le 3 décembre.

Afin de partager les retours d’expériences, un bilan des projets sera réalisé tous les trois ans, ainsi qu’à leur issue. Les chambres d’agriculture seront chargées de capitaliser et de diffuser les bonnes pratiques.

GIEE : des démarches de long terme

Les six GIEE sont engagés dans des démarches de réduction d’intrants, de création de filières locales, de diminution des consommations d’eau et d’énergie…

Les Robins des champs regroupent cinq exploitations agricoles (blé) et un boulanger. Ils travaillent, depuis 2011, à «améliorer leurs connaissances agronomiques et changer leurs pratiques culturales afin d’évoluer vers l’agriculture de conservation». Ils s’appuient sur une couverture permanente, allongent les rotations et limitent le travail du sol pour augmenter sa fertilité naturelle. Sur le plan économique et social, le collectif tend à créer une filière locale blé-farine-pain.

Le GIEE Methabio 07 regroupe sept exploitations bio (polyculture-élevage) et une SARL, Agritexia, qui travaillent ensemble depuis 2009 et ont déjà à leur actif la conversion des exploitations en AB et un projet de méthanisation. Ces agriculteurs souhaitent désormais optimiser la gestion des déchets et valoriser les digestats issus de la méthanisation à l’échelle du territoire, réduire le coût énergétique des itinéraires techniques (modification de la chaîne de récolte de la luzerne, mise en œuvre du semis direct) et optimiser les matériels.

Agribiotech réunit six exploitations céréalières du nord de la Drôme (quatre en agriculture biologique et deux en agriculture conventionnelle). «Après avoir mené à bien dès 2012 une opération innovante et exemplaire de réduction des pesticides (matériel de substitution), puis créé une filière en circuit court maïs humide, le GIEE s’engage aujourd’hui dans la méthanisation, la création d’une filière luzerne, la réduction et l’optimisation de ses consommations d’énergie».

Le GIEE CBC de la Véore regroupe lui aussi cinq exploitations en grande culture de maïs, très dépendantes de l’irrigation. Elles s’engagent à repenser leurs pratiques culturales (semis direct, strip-til) et mutualiser l’acquisition de matériel de substitution (herses, bineuses…) pour réduire le recours aux intrants. L’objectif de ce groupement est également de participer à la création d’une filière locale de luzerne semence afin de diversifier les revenus et les assolements.

La Sica Terragr’eau, qui regroupe une cinquantaine d’exploitations d’élevage laitier situées sur l’impluvium des eaux minérales d’Evian, travaille depuis les années 90 à la réduction de ses impacts sur son milieu. Le GIEE souhaite poursuivre cette démarche, en construisant une unité de méthanisation. Il travaillera à «l’organisation rigoureuse du retour au sol du digestat (solide et liquide) issu du méthaniseur afin d’apporter toutes les garanties de maîtrise des doses et de traçabilité» dans le but de préserver la ressource en eau.

Enfin, le GIEE Plaine d’Avenir regroupe huit exploitations en polyculture-élevage qui portent un projet de méthanisation, mais aussi de réduction des intrants (acquisition de matériel de substitution et optimisation des épandages), du travail du sol (semis direct, strip-till) et de diversification des assolements (légumineuses et prairies temporaires).


Sophie Fabrégat, journaliste
Rédactrice en chef adjointe
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