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Où sont les étoiles ?

Publié le 21 décembre 2020

FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur continue son travail de lutte contre la pollution lumineuse en recensant les commerces et bureaux allumés illégalement la nuit. La parution de ces résultats durant cette nouvelle période de confinement doit amorcer une remise en question de nos besoins en éclairage.

Commerces et enseignes éclairés à Digne-les-Bains dans la nuit du 24 au 25 octobre © Patrick Boff

La poursuite des actions Ambassadeurs de la Nuit

France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur continue de lutter contre la pollution lumineuse en région avec l’action Ambassadeurs de la Nuit. Lors de maraudes nocturnes en octobre, les « ambassadeurs » ont photographié et recensé les commerces et bureau restés éclairés illégalement la nuit.

A Digne-les-Bains, les ambassadeurs issus du groupe local Bléone-Durance de la LPO PACA ont recensé une vingtaine de commerces dont les vitrines ou les enseignes étaient encore éclairées après 1h du matin. L’été dernier, une même opération avait eu lieu dans les rues de Marseille et avait dénombré pas moins de 300 commerces restés allumés illégalement en nuit profonde.

Et ce fléau ne concerne pas que les villes. Dans la zone commerciale de Plan de Campagne, dans les Bouches-du-Rhône, environ 30 grands magasins avaient conservé leurs énormes enseignes éclairés après 1h du matin… dans une zone pourtant vide en pleine nuit.

Commerces et enseignes éclairés dans la zone commerciale de Plan de Campagne, dans la nuit du 16 au 17 octobre © Mathilde Gouëffon

Traquer les commerces et bureaux allumés illégalement la nuit

En effet, depuis le 1er Janvier 2019, les bureaux et commerces sont dans l’obligation d’éteindre leurs éclairages et vitrines de magasins « au plus tard à 1 heure du matin, ou une heure après la fin d’occupation desdits locaux. Elles peuvent être allumées à partir de 7 heures ou une heure avant le début de l’activité si celle-ci s’exerce plus tôt. » [1]

Mais cette règle est malheureusement très peu respectée. « Cette interdiction existe depuis 2013, date d’un premier arrêté, et pourtant, certains commerçants ne la respectent pas, soit parce qu’ils n’en ont pas connaissance, soit parce qu’ils n’en tiennent pas compte. » explique Clémence Mazard, chargée de mission chez de FNE Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Les impacts de la pollution lumineuse

L’éclairage nocturne est en forte croissance depuis plusieurs décennies, faisant peu à peu disparaître l’obscurité. En France,plus de 10 millions de points lumineux sont actifs chaque nuit.

Ces lumières artificielles ont des effets très néfastes sur la santé humaine. En effet, la mélatonine (hormone du sommeil) ne fonctionne pas correctement en présence de lumière artificielle, perturbant la qualité du repos nocturne, en plus de nous empêcher d’admirer le ciel étoilé…

La biodiversité aussi souffre de la pollution lumineuse : comme nous, les espèces de faune et de flore ont besoin de la nuit. Les conséquences de l’éclairage artificiel sur les espèces sont multiples : désorientation, aveuglement, perturbation du cycle de vie et des milieux habités, etc. et cela autant pour les espèces nocturnes que diurnes. La pollution lumineuse, même en faible quantité, impacte ainsi fortement les insectes, pour qui la pollution lumineuse représente une des principales causes d’extinction après l’utilisation de pesticides.

En outre, la lumière artificielle consomme de l’énergie et est coûteuse. Si les installations classiques d’éclairage sont de plus en plus souvent remplacées par des diodes électroluminescentes (LEDs) moins gourmandes en énergie, celles-ci ont en revanche un impact encore plus fort sur la biodiversité.

Confinement et éclairage : repenser l’espace public

Les confinements dus à la crise sanitaire constituent une opportunité pour repenser nos besoins en éclairage. Puisque les citoyens et citoyennes n’ont plus le droit de circuler (ou très peu), inutile d’éclairer « pour rien ». C’est le cas pour les vitrines de commerces (dont l’interdiction d’éclairage est valable depuis 2013 à partir d’une heure du matin) mais c’est également le cas pour certains espaces publics : parcs, jardins ou rues peu fréquentées, rien ne sert d’éclairer en pleine nuit ! Certaines communes ont d’ailleurs profité du confinement pour tenter des mesures d’extinction de l’éclairage dans une partie de leur territoire, comme à Simiane-Collongue dans les Bouches-du-Rhône[2]. Espérons que ces mesures prennent plus d’ampleur sur le territoire régional et perdurent dans le temps.

Une entrée en vigueur du décret de 2018 pour de nouvelles installations

Depuis le 1er janvier 2020, de nombreux aspects de la lumière sont réglementés et de nouveaux types d’éclairages sont touchés. Les lampadaires doivent éclairer en direction du sol sous une ligne horizontale ; les lampadaires boules et autres dispositifs non réglementaires ont donc jusqu’à 2025 pour être remplacés. De nouvelles interdictions d’éclairage la nuit sont appliquées au patrimoine bâti, aux parcs et jardins, aux parkings et aux chantiers pour toute nouvelle installation (et à partir du 1er janvier 2021 pour les éclairages installés avant le 1er janvier 2020). Notre association aura donc du pain sur la planche pour vérifier la bonne application de ces règles et sensibiliser les nouveaux élu-e-s aux enjeux de pollution lumineuse.

[1] Arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et la limitation des nuisances lumineuses.

https://www.simiane-collongue.fr/2020/11/03/extinction-eclairages-publics/