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Mieux trier l'aluminium, des expériences qui fonctionnent !

Publié le 21 janvier 2015

Recycler toujours plus, toujours mieux mais à coût abordable. C’est l’équation à résoudre pour de nombreux acteurs du recyclage en France. Théoriquement, tous les déchets peuvent réintégrer une filière de fabrication en tant que matière première secondaire. Leur préparation en amont (collecte, caractérisation et séparation des matières) est une étape coûteuse, parfois non couverte par la vente des matières mais indispensable pour garantir leur qualité. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, certains déchets n’intègrent pas une filière de recyclage mais restent dans les ordures ménagères résiduelles et sont envoyés en incinération ou en enfouissement.

De la capsule au projet Metal

Récemment l’éco-organisme en charge des emballages ménagers a annoncé sa volonté d’étendre les consignes de tri à de nouveaux emballages plastique. Dans les collectivités volontaires, le pot de yaourt va désormais faire partie des déchets à trier. Mais qu’en est-il de son opercule en aluminium ? Et bien là aussi, les choses évoluent. A travers le projet Metal initié il y a cinq ans sous l’égide du Club de l’emballage léger en aluminium et en acier (Celaa), quatre centres de tri volontaires ont testé le tri des petits éléments en aluminium : Muy (Var), Catus (Lot), Cannes-la-Bocca (Alpes Maritimes) et Nanterre (Hauts-de-Seine).

Tout est parti de la volonté de l’entreprise Nespresso de mieux recycler ses capsules de café. La collecte directe auprès des clients ne permet de récupérer que 20% des capsules mises sur le marché. Pour accroitre ce taux, Nespresso s’est rapproché des acteurs du recyclage pour encourager la récupération des petits éléments métalliques directement dans les ordures de ses clients. Aujourd’hui, les résultats sont satisfaisants : +30% d’aluminium capté, trié et revendu (entre 100 et 500 euros la tonne).

Convaincu, le Syctom parisien, exploitant du centre de tri de Nanterre, a officiellement signé la convention d’adhésion du standard expérimental sur les petits objets et emballages en aluminium en décembre 2014. Au terme de cet accord, Eco-Emballages verse un soutien financier aux collectivités engagées dans le projet Métal pour chaque tonne d’aluminium recyclée (276 euros la tonne). En complément, Nespresso, au travers de son fonds de dotation, rémunère les collectivités à hauteur de 300€ la tonne d’aluminium supplémentaire pour les inciter à s’y mettre. Ces soutiens financiers permettent de rentabiliser les investissements technologiques nécessaires.

Un soutien financier séduisant


Pour récupérer les éléments d’aluminium, les centres doivent s’équiper d’une machine à courants de Foucault. Grâce à ce procédé magnétique, les petits éléments en aluminium, qui se sont perdus dans les refus de tri lors de la séparation mécanique des emballages ou qui ne peuvent être triés par des opérateurs, sont automatiquement récupérés. Un overband magnétique (gros aimant placé au-dessus d’un convoyeur) complète le dispositif afin de capter les petits déchets en acier, également perdus dans les refus de tri lors de la séparation magnétique. Chaque machine représente un investissement compris entre 50.000€ et 250.000€.
L’aluminium récupéré par la machine à courants de Foucault, une fois mis en balles, est envoyé vers une unité de pyrolyse gérée par Alunova en Allemagne par manque d’acteur français spécialisé. Cette technologie garantit un recyclage efficace de ces petits objets et emballages en aluminium qui peuvent présenter quelques impuretés, comme des éléments en carton ou en plastique. Les produits issus de la pyrolyse sont broyés. Les fractions les plus grosses sont orientées vers des fonderies pour faire de nouveaux objets en aluminium, tandis que les plus fines sont utilisées comme adjuvants dans les aciéries ou comme composants de poudre d’aluminium.

Le Celaa espère équiper 25 centres de tri d’ici 2016 et généraliser la collecte à partir de 2017.

Baptiste Clarke: Reporter d’images
Baptiste Clarke, journaliste
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